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  • Jeanne Gourdon

Julián, 22 ans, Bucaramanga

Dernière mise à jour : 23 juil. 2021



Lors des manifestations qui font rage en Colombie depuis le 28 avril dernier, la réponse des forces armées est sanglante et disproportionnée. Plus de 74 personnes sont mortes sous les coups de la police et de l'ESMAD et au moins 2 300 blessés. Pour éviter que ce nombre grandisse, des équipes de jeunes médecins ou étudiants encadrent les manifestations et viennent en aide aux personnes blessées.



Je m’appelle Julián, je suis d'abord citoyen, puis patriote et enfin, étudiant, candidat à médecine. J'ai allié mon amour pour la médecine et mon amour pour la Colombie, c’est à travers eux, que j'essaie d'aider dans cette crise sociale que nous traversons.


Pendant de nombreuses années, la Colombie a été un pays satellite qui respectait les consignes des Américains. C’est ce qui nous a entraînés dans une crise sociale, politique et économique sans précédent, qui prend aujourd'hui la forme d'une manifestation sociale exigeant de meilleures conditions de vie. Le peuple est dans la rue, il se bat pour le pain, la paix et le travail.


En Colombie aujourd'hui, c'est la faim et la mort qui dominent.C’est la raison pour laquelle des milliers de Colombiens marginalisés sont dans les rues pour réclamer la souveraineté alimentaire, des prix accessibles, la possibilité d'étudier, de travailler et surtout de partager la revendication d’une souveraineté absolue.



J'appartiens à la génération qui ne permettra pas à des patients de mourir aux portes des hôpitaux.

Concrètement, en tant que membre du syndicat de la santé, je veux dire clairement que j'appartiens à la génération qui ne permettra pas à des patients de mourir aux portes des hôpitaux. Nous sommes la génération qui veut enterrer la privatisation et l'intermédiation de la santé, de l'éducation. Nous sommes la génération qui veut garantir le pain, la paix et le travail.


Si les manifestations ont besoin d’équipes de médecins sur place c'est à cause de la répression d'Ivan Duque, sans précédent dans l'histoire récente du pays. Le président, avec le nombre de décès et de blessés a déclenché une mise à mort. Le personnel de santé doit s'organiser pour faire en sorte d’aider nos compatriotes, qui héroïquement luttent pour un pays meilleur.


Pendant le paro, en tant qu’ étudiant en médecine, je soigne les blessés pour qu’ils ne perdent pas la vie. Nous avons veillé et garanti l'intégrité physique de centaines de manifestants qui ont été blessés lors des affrontements.




La réaction des forces de l'ordre a été excessive, disproportionnée, et je suis tellement triste de voir que les forces armées préfèrent protéger Duque et son gouvernement corrompu et non le peuple colombien.

Les violations des droits humains ont été systématiques et il est urgent de protéger la vie des Colombiens, car le gouvernement a torturé et fait disparaître de nombreux compatriotes.


En deux mois de Paro, il y a eu des victoires partielles, puisque certains projets de loi ont été abandonnés. Cependant le 20 juillet ils seront à nouveau déposés, cela montre que le gouvernement est dictatorial et ne prend pas en compte la volonté du peuple.


Les Colombiens veulent la souveraineté sur tous les fronts, nous voulons que les pays riches nous permettent de nous développer souverainement, tout comme l'histoire a permis aux pays riches de grandir.

Je rêve d'une Colombie équitable, souveraine et où le pain n'est pas un luxe pour quelques-uns, mais un droit, comme l'éducation, la santé et le travail.


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