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  • Jeanne Gourdon

Rafael, 46 ans, Bogotá.


Photo: Rafael, 20 Juillet 2021, Bogotá.


Lors des manifestations, on peut facilement repérer les jeunes de la Primea Linea : casques, lunettes et masques à gaz. Ceux qui se font le plus discret, ce sont les pères et mères de familles qui encouragent et soutiennent la lutte et le désir de changement de leurs enfants.



Je m'appelle Rafael, j’ai 46 ans, j'habite le quartier de Santa Fe à Bogotá.


Aujourd'hui, les jeunes sont fatigués de la corruption et ont décidé de quitter notre quartier. Mais cette exode date de bien avant la pandémie.


Ces trente dernières années, le gouvernement de Colombie ne pensait qu'aux grands entrepreneurs du pays et non pas aux personnes défavorisées et aux travailleurs du pays. à la classe ouvrière. Les politiciens nous ont privés de certains droits: les heures supplémentaires, les suppléments du dimanche, les vacances. Ils ont aussi augmenté l'âge de la retraite. Tout a bénéficié aux grandes entreprises du capitalisme.


Alors, pour faire entendre leurs voix, les jeunes protestent ànouveau pour une éducation gratuite, un travail digne, la possibilité d'un bon système de santé. Qu'ils fassent ce que Jaime Garzón* clamait: “les jeunes doivent renforcer le pays et faire tomber tous les corrompus au pouvoir.


Photo: Jeunes manifestants de la Primea Linea, 20 Juillet 2021, Bogotá.


Je le répète, la révolte n'est pas vieille de trois mois.

La première ligne est représentée par des jeunes qui en ont marre de la violence des autorités. Ils militent eux-mêmes pour leur cause en manifestant dans la rue. Ils y voient une opportunité de faire bougerles choses. Il y a une grande majorité de jeunes mais pas uniquement. Nous les parents, sommes aussi avec eux et nous ne les laisserons pas seuls.


Pour ce qui est des forces policières et armées, malheureusement, ce sont des employés qui agissent pour le compte de ceux qui sont au pouvoir. Je sais que beaucoup ne sont pas d'accord avec ce moyen de pressiondu gouvernement. Mais je le répète, ils travaillent. Frapper et blesser les gens ne devrait pas être un moyen de dissuasion. Mais des deux côtés il y a des pommes pourries lancées et mal dirigées.


Je le répète, la révolte n'est pas vieille de trois mois. Avant la pandémie nous étions déjà dans la rue. Au cours des derniers mois, le monde a compris que les jeunes sont disposés à se battre pour leurs droits et que la violence de l'État ne va pas les arrêter. La révolution a fait tomber des réformes et des ministres et c'est positif. Mais la vraie victoire serait d'en finir avec la corruption.


Photo: Policiers, 20 Juillet 2021, Bogotá.



Personnellement, je veux un pays plus juste. Je ne demande pas que les riches soient pillés pour que leur argent soit redistribué aux pauvres mais plutôt que les pauvres aient la possibilité d'avancer. Et cela se fera par le biais d'études, de travail, mais surtout en bannissant la corruption. Cela ouvrirait aux jeunes de nombreuses opportunités.


Si l'on veut faire tomber les personnes en place au sein du gouvernement,il faut commencer par aller voter. Élire des politiciens en faveur des classes défavorisées. Il nous faut changer cette vision du pouvoir corrompu. Il faut changer nos mentalités pour évoluer, il faut voter avec conscience et ne pas permettre aux politiciens déjà en place d'acheter nos droits à élire librement.


*Jaime Garzón est un avocat, journaliste et humoriste politique Colombien. Assassiné en 1999, il a joué un rôle important dans le processus de paix Colombien et dans la libération d'otages retenus par les FARCs.


"Si vous, les jeunes, n'assumez pas la direction de votre propre pays, personne ne viendra vous sauver. Personne !"

Jaime Garzón (1960-1999)


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