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  • Jeanne Gourdon

Norte, 30 ans, Bogotá.

Dernière mise à jour : 23 juil. 2021


Photo: Norte, manifestation de Bogotá.


Depuis le début du soulèvement, le 28 avril en Colombie. Des groupes de combattants se sont organisés aux quatre coins du pays. La Primera Línea. Ils ont le visage caché par des capuches ou des t-shirts et sont protégés de masque à gaz, de lunettes ou encore de casques de chantier. C'est eux qui affrontent directement la police tous les jours, qui organisent la résistance. C'est eux qui mènent la danse des manifestations. C'est eux que le peuple remercie pour leur courage d'aller au casse pipe, sans peur.


On m'appelle "Norte". Je suis combattant de la Primera Línea de Portal Resistencia a Bogotá. Je me bats pour le changement social, pour l'égalité des privilèges pour tous les Colombiens, pour un système de santé digne, pour une meilleure éducation, pour une réforme de la police, pour le démantèlement de l'escouade mobile anti-émeute (Esmad), entre autres causes.


Depuis des années en Colombie, le gouvernement a délaissé les populations les plus pauvres. Dans les grandes villes, les inégalités sociales sont notoires.

Aujourd'hui et en raison de la réforme fiscale annoncée par le ministre des finances, la population est descendue dans la rue. Elle a protesté contre cette réforme inacceptable aux yeux du peuple colombien.


Photo: 28 mai 2021, Bogota, Norte.


Nous demandons et exigeons que les forces publiques respectent la population. Je demande l'égalité des chances pour tous les Colombiens, une éducation gratuite et de qualité. J'exige de pouvoir sortir dans les rues pour montrer mon mécontentement, en bloquant

les routes principales et en affectant la mobilité afin d'être entendu par le gouvernement.


Malgré les apparences, nous ne cherchons pas la confrontation. Nous ne faisons que nous défendre contre la répression policière et étatique.


L'esprit critique des jeunes est de plus en plus fort et l'inégalité sociale est si notoire que les gens sont descendus dans la rue pour dire : ça suffit.

Je suis acteur de La Primea Linea. Elle est importante car elle permet de défendre le peuple dont le droit de manifester n'est pas respecté. Les forces publiques attaquent avec violence les manifestants qui exercent pacifiquement ce droit. La fonction de la ligne de front est de renvoyer les gaz lacrymogènes tirés par la police pour noyer le peuple et d'arrêter avec les boucliers les tirs des fusils à cartouches paralysantes. Nous défendons les manifestations à tout prix car leur réaction est démesurée. Les forces armées tirent sur la population en violation totale des droits de l'homme. Leurs actions sont excessivement violentes et il n'y a aucun contrôle sur elles.


Photo: 29 mai au monument des Héros de Bogota, Norte


Nous voulons une Colombie plus humaine.

Mais le peuple s'est réveillé et les générations ont changé. L'esprit critique des jeunes est de plus en plus fort et l'inégalité sociale est si notoire que les gens sont descendus dans la rue pour dire : ça suffit.


Au cours du premier mois de grève, nous avons réussi à renverser la réforme fiscale, à modifier la réforme de la santé, à obtenir l'abolition des frais de scolarité dans les universités, à obtenir la démission du ministre des finances et, surtout, à nous faire entendre du gouvernement et à le sensibiliser sur nos revendications.


Nous voulons une Colombie dirigée par des mouvements étudiants qui se soucient du peuple, que les décisions prises soient approuvées par le peuple et pour son propre bien. Nous voulons une Colombie plus humaine.


Je souhaite ajouter qu’en Colombie, nous sommes tués. Nos jeunes manifestants et leaders sociaux sont violemment assassinés par le gouvernement et les forces de sécurité en alliance avec les paramilitaires. Nous déplorons des centaines de personnes disparues puis retrouvées démembrées flottant dans les rivières de notre pays. Nous n'avons aucune garantie de vie. ìls nous tuent pour avoir réclamé nos droits.


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