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Jeanne Gourdon

Ví, Cali, 27 ans.

Dernière mise à jour : 5 juin 2021


Photo: Ví, manifestant à Cali.


Ví, activiste LGBTQ+ manifeste aujourd'hui pour les droits de son pays mais aussi pour les droits LGBTQ+ en Colombie. Après le Brésil, la Colombie est le deuxième pays d'Amérique latine à défendre, sur le papier, les droits des LGBTQ+. Paradoxalement entre 2014 et 2018 plus de 545 homicides ont été enregistrés contre cette communauté.



Je m'appelle Ví, j'ai 27 ans je vis à Cali. Je suis une activiste LGBTQ+ et une artiste drag queen, (Cacttus bella). Je suis aussi étudiante en arts plastiques à l’Institut de culture populaire de Cali.


Voilà deux décennies que nous sommes victimes d'un état oppressif, soutenu par les institutions. Un état qui nous ment, viole, tue et organise des disparitions ; un état qui se comporte comme un loup affamé qui n'arrive jamais à satiété ; un état qui ne voit que des intérêts économiques dans les rêves des Colombiens, que des chiffres et des pourcentages dans leurs espoirs.

Aujourd’hui, c'est la révolution, le réveil de la jeunesse est arrivé. Une jeunesse fatiguée de vivre dans la précarité, élève la voix pour un avenir meilleur et digne.



Photo: Ví, Cali. "ESMAD Violeur".


Je me sens vraiment en insécurité quand je vois un policier.

J'avais peur que le Paro Nacional ne se lasse et que les gens abandonnent la cause. Pourtant, au fil des jours, beaucoup ont réclamé un pays meilleur. Ils se sont unis et l'écho a résonné si loin que partout en Colombie, les gens se lèvent chaque jour. Même si mon peuple a énormément souffert, il n'arrête pas de sourire et je crois en eux.

Le débat sur la manière dont les forces de sécurité de l'état se comportent et réagissent a eu de profondes implications politiques, juridiques et institutionnelles. Il n'est pas surprenant que les institutions rendent justice elles-mêmes. Il y a eu des cas d'abus à de nombreuses reprises, des viols de mineur.e.s, des détentions arbitraires qui se sont terminées par des coups. Le paramilitarisme c'est ce qui peut nous arriver de pire, ils commanditent des actions criminelles très graves.

Je me sens vraiment en insécurité quand je vois un policier. J’ai été victime d'abus de pouvoir. Je voyageais avec un ami à travers la vallée du Cauca. Avant de quitter la ville, il y avait un poste de police de fortune, une dépanneuse et deux motos de police. Ils nous ont arrêté. Tous nos documents étaient en règle. Pourtant, l’un des policiers nous a demandé de lui donner de l'argent. Nous avons refusé et nous avons été arrêtés pendant 24h. Détenus arbitrairement, juste pour ne pas avoir cédé à leur racket.


Photo: Ví, manifestation à Cali.


Je résiste pour la culture.

Je suis sûr que je parle au nom de millions de Colombiens, en disant que la violence n'est pas seulement arrivée avec le début de la grève, mais qu'elle est là depuis toujours et à différents niveaux. Nous avons toujours été victimes des forces militaires et de l'état.


Je rêve d'une Colombie où nous pouvons croire que nos rêves sont sûrs et réalisables,

Que ceux qui doivent nous protéger fasse leur travail. Il faut que nous ayons un avenir en faisant ce qui nous passionne.

Je résiste pour la culture, pour que la vie soit digne dans un pays où un livre coûte plus cher qu'une bouteille d'alcool. Je veux un pays où je peux être qui je suis sans avoir peur d'être tué, où l'on ne craint pas la police, un pays qui sait bien gérer les ressources de la population, un pays qui offre une qualité de vie à ses habitants.

Mon action consiste à rendre visibles les réalités que nous vivons, à les refléter dans des performances artistiques.

Depuis le début du Paro, ils tuent, ils violent des innocents, de très jeunes filles, parce que nous revendiquons nos droits. Eux ils ne souffrent pas, nous nous souffrons parce que nous sommes sans nos êtres chers, sans nourriture, sans droits, ils veulent nous déposséder.

Mais nous continuons à résister.

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